"Il n'y a d'homme que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie."
A.de Lamartine

dimanche 19 octobre 2008

P.S. ...

...Quelle horreur, il va faire -6° mercredi. On est meme pas a la fin octobre. Comment je vais survivre l'hiver, moi? J'avoue que j'angoisse un peu, la...

Montagnes russes.

Premieres temperatures negatives de l'annee. Ca fait trois jours qu'il y a de la gelee dehors le matin. Il est 22h30, et il fait -2°. Et on annonce de la neige pour mercredi. Un ami va affuter mes patins, et quand on marche dehors, c'est comme avancer sous une pluie de feuilles mortes. Ah, la, la, Halloween n'est meme pas encore passe que ca sent deja l'hiver a plein nez.

D'autant plus que le weekend dernier, c'etait tout l'inverse.
Looooong weekend de Thanksgiving (le Thanksgiving canadien, pas l'americain qui lui, n'est pas avant la fin novembre - on celebre les recoltes, et comme on est plus au nord, elles ont lieu plus tot). Tout le monde quittait le campus, et la veille, a midi, j'ai eu envie de voir de la famille, de sortir un peu du cercle etudiant. J'ai pris mon telephone, un billet de bus, un billet de train, et je me suis improvisee une petite viree dans le Maryland.
La nuit dans le bus, une horreur. A la frontiere, ils n'arrivaient pas a prendre mon empreinte digitale (non, mais vraiment, j'ai cru que j'allais restee coincee la-bas). Deux heures d'attente interminables dans une gare routiere glauque de New York, a 3h du mat, a essayer de garder les yeux ouverts sur mon boulot (un article chiant sur les femmes mystiques au Moyen Age - youpi). Mais a l'arrivee, quel pieds!! Retrouver les USA, un pays que j'aime malgre tout (quand on aime un pays, on l'aime comme une personne: avec ses qualites mais aussi ses defaults), le ciel du Maryland, vaste et brouille (ahhhh, les couchers de soleil americains...), et un certain chez-moi.
En plus, parfait timing: en plein coeur de l'ete indien, ciel bleu, tongs et tee-shirt.
Dinah rentrait a Cumberland pour le weekend, alors elle m'a recupere a Baltimore et on a mis les voiles aussi sec, direction "la maison" ("home", ca faisait un bail). Seuls les Douglas, ma famille americaine, etaient au courant. Ca a ete un p... de weekend, excusez du peu. Balade en foret (en restant a bord du 4*4 familial, on est aux USA, tout de meme), pizza geante, restos, ... J'ai pu voir ma "grand-mere", et surtout surprendre mes potes, qui n'en croyaient pas leur yeux. Le samedi soir, il y avait une competition de "Band" - genre de fanfare, c'est complique" au stade local. J'ai eu l'impression de me revoir en direct, il y a 3 ans, sur cette meme pelouse, dans les memes uniformes, c'etait completement irreel, ca m'a arrache des larmes (pour changer).
Court, mais intense.

D'ailleurs pas si court que prevu, puisque j'ai rate le train le lundi matin. Merci aux panneaux routiers americains plus qu'approximatifs et aux GPS completement pourris (rues a sens unique dans le mauvais sens, et pour finir, on s'est retrouve a Penn Street au lieu de Penn Station, le tout a 4h45 du mat'). Du coup j'ai passe la journee dans la fac de Dinah, l'occaz pour moi de passer un peu de temps avec d'anciens potes du lycee, et de decouvrir une autre universite nord-americaine. Pas le meme gabaris, quelques petites differences, mais grosso-modo la meme chose que Bishop's. En moins bien. J'ai realise que je l'aime bien, ma petite fac quebecoise, et aussi le Canada. C'est dingue a quel point j'ai pu m'habituer, en trois mois, aux gens aimables, aux villes propres.

Retour aussi galere que l'aller. Depart meme heure, un jour plus tard. J'etais perdue dans la gare de New York, perdue a Montreal pour trouver la station de metro, perdue DANS la station de metro, et pour finir, j'ai atterri dans les archives nationales. Une fois dans la rue, j'ai ete incapable de voir la station de bus qui etait juste sous mon nez, et arrivee a Sherbrooke, pas de chance, le dernier bus de ville etait dans une bonne petite heure et n'allait pas jusqu'a la fac.
Je n'avais pas pu dormir de la nuit la veille, j'avais un essai a rendre le jour meme, et c'etait impossible de se concentrer dans le train, entre deux Portuguais devant moi qui n'arretaient pas de changer l'inclinaison de leurs sieges, et un gros americain a casquette qui se plaignait en permanence. Je peux parler, je me plains du voyage depuis une heure.

Plus serieusement, savoir que je pouvais organiser ce genre de truc toute seule de A a Z m'a fait prendre conscience que j'ai grandi depuis ces 3 mois. Cet ete, Hanna avait tout pris en charge. Maintenant, c'est moi qui ait les cartes en main, enfin. Retourner a Cumberland a, une fois de plus, remue beaucoup de choses, et cette semaine qui a suivi a ete un peu bizarre, mais bon. Ca vaut toujours le coup.

Je me rend compte que cet article est un peu decousu. Toutes mes idees s'emmelent, c'est pas clair du tout, mais tous ces sentiments et impressions sont compliques a decrire.


Sinon, premiers resultats de mes examens de milieu de semestre: ca roule nickel.
Mon Dieu, je suis ici depuis 3 mois deja.

lundi 6 octobre 2008

L'effet papillon

Il y a une theorie qui dit qu'on est relie a tous les habitants de la planete par l'intermediaire de 5 personnes seulement. C'est l'effet papillon.
Ce midi au dejeuner, j'ai rencontre par hasard une Franco-Americaine qui vient du Maryland, qui vit a Dijon quand elle est en France, qui a ete 2 ans dans la meme ecole primaire que moi, qui a ete en classe avec mon frere, qui est amie avec un des meilleurs amis de mon frere, qui est deja venue chez moi, qui a rencontre mes parents, que moi je n'avais jamais rencontre avant, et qui s'appelle... Amelie.

Dingue.

dimanche 5 octobre 2008

Une toute petite bulle.

Ahhhhhhhh, enfin une escapade. Toute petite, a peine une heure de route, mais qu'est-ce que ca fait du bien!! Je vais etre a la bourre question boulot pendant une semaine a cause de ca, mais tant pis, c'est la derniere semaine de l'ete indien, apres les feuilles seront toutes tombees.

Direction, le Mont Orford, avec Hanna, Susan (une autre Allemande qui etait aussi a Dijon l'an dernier) et Stephanie, originaire de Regina dans le Saskatchewan, et heureuse proprietaire d'une voiture.
Beaucoup de monde, mais c'est le plus beau point de vue de la region.
Du rouge, de l'orange a l'infini sur les collines, quelques rayons de soleil a travers les nuages, des petits lacs, et une riviere tous blancs qui tranchaient sur la foret, ah la la, on a toutes pense aux contes de fee de notre enfance (serieux).
Apres, le temps s'est gate, et on s'est retrouve (ne me demandez pas comment) a pique-niquer sous une ourte derriere des fagots de bois, les fesses posees sur des buches, devant un poele ou brulait un petit feu bien sympathique. (Pour les ignares, une ourte est une sorte de tente mongole). Probablement le meilleur repas depuis des semaines.

Hier aussi, Fanny et moi avons eu droit a un vrai petit dej' canadien (oeufs, haricots et patates sautees, le tout arrose de sirop d'erable - et bien sur, l'inevitable bacon/saucisse, zut...), chez un ami a Lennoxville, a 10 min du campus. Agreable d'eviter un peu le resto U, qui finit par vraiment peser a la longue (au propre comme au figure).

Une bulle d'air petite, certe, mais necessaire.
Mes premiers examens de milieu de semestre commencent mardi, le weekend prochain c'est Thanksgiving, et dans 2 ou 3 semaines, 4 jours vers New York avec Ju et Fanny, dans la famille d'un ami!!!


Photos, photos!!! L'ete indien (Mont Orford et campus)
Je mettrai a jour toutes mes photos de Bishop's des que possible.

jeudi 2 octobre 2008

Ete indien. Les feuilles tombent, et la vie s'organise.

Sur le chemin du retour, juste apres mon cours d'histoire irlandaise medievale, j'ai croise un mec qui jouait de la cornemuse. Ca m'a donne envie d'ecrire sur mon blog, allez savoir... C'est vrai que ce mois-ci, ce n'est pas que je n'ai pas eu le temps, on a tous le temps, mais j'ai prefere profiter de mes rares moments de libre pour me reposer.
Ici, tout se vit dans l'exces, tout s'enchaine : les cours, le boulot (des quantites indescriptibles d'essais, de bouquins a lire, de recherches a faire, de discussions a preparer,...), les soirees, les sorties, les gens... Rien que pour manger, il me faut le double de d'habitude (et avec moi, c'est pas peu dire), parce-qu'il y a toujours des gens avec qui discuter. Alors je me suis achetee une reserve de soupes instantanees pour les soirs ou je suis vraiment trop a la bourre pour le boulot, a consommer dans ma chambre, merci ma bouilloire.

Le mois de septembre etait un peu delicat. De la France, je n'ai eu quasiment que des mauvaises nouvelles. D'abord, des amis chers a mon coeur qui traversent des temps difficiles, et puis il y a aussi ma propre situation familiale (ma famille tres tres proche). Je savais a quoi m'en tenir en venant ici, c'etait un choix difficile, et je l'assume, mais je me suis posee beaucoup de questions. Avez-vous jamais ete dans une de ces impasses ou quoi que l'on fasse, on doit sacrifier quelque chose de crucial? Moi oui, et je ne le souhaite a personne.
Il y a eu aussi des prises de conscience, comme ce jour ou j'ai pris en pleine face le regard que toute ma famille au sens large portait sur mon depart. Tres dur. Et puis j'ai compris que la seule chose qui comptait, c'etait que trois des personnes que j'aime le plus au monde, ma mere, mon pere et mon frere, comprennent. Ils savent pourquoi je suis la, ils savent que j'aimerais etre avec eux aussi, que je suis la pour eux du mieux que je peux, et ils me soutiennent. Et c'est tout ce qui compte. Le jugement de gens qui ne savent rien de ce que je pense ou ressens, je m'en fous.
Et mes vrais amis sont la pour moi, quoi qu'il arrive, et je leur en suis tellement reconnaissante.

Maintenant, ca va mieux. Je commence lentement a trouver ma place ici, mon rythme. Malgre la pression permanente, mes etudes ne m'ont jamais autant passionne, et j'aime bien mon emploi du temps. Ma journee du mardi est blindee a craquer, mais j'ai 5 jours ou je m'organise comme je veux, c'est plutot sympa. J'ai un cours de 3h le mardi soir, de 19h a 22h. C'est un cours de 3eme annee, et c'est le reve : on est seulement 5 etudiants, le cours est une discussion, un echange de A a Z, c'est tellement stimulant. C'est une des choses que j'adore ici: la facon dont on enseigne. En France, on nous bourre le crane de connaissances, on nous tamponne une note sur le front a la fin de l'annee, si on reussit, tant mieux, et sinon, tant pis, de toute facon il y a bien assez d'etudiants. Ici, le bourrage de crane, on le fait seul, parce-qu'on est suffisamment grand pour ca. Ce que les profs attendent de nous, c'est une opinion personnelle, une reflexion. On nous pousse a penser, a donner notre opinion. Quitte a ce qu'elle soit differente de tout le monde, parce-que c'est toujours enrichissant. Dans nos essais personnels, on doit employer la 1ere personne du singulier. « Je pense que... ». Parce-que c'est notre avis qui compte. Le resultat est important, mais les notes ne sont pas une selection: on nous donne les moyens pour avoir la meilleure note possible. On peut soumettre nos essais a l'avance, pour beneficier d'une 1ere correction et avoir le temps de s'en servir pour la note finale. On peut aller voir les profs aux heures de reception, pour avoir de l'aide. On peut faire corriger toutes nos fautes d'anglais dans un Writing Centre gratos et legalement. On etudie les sujets dans les details.
J'eprouve de la pitie pour nos pauvres facs francaises, serieusement.

J'ai fait de ma chambre un endroit cosy ou je me sens bien. La, il est 11h, et j'ai un peu de temps avant mon prochain cours. Il fait tout gris dehors, mais les temperatures sont douces cette semaine, c'est l'ete indien. Je me suis fait un the, j'ai allume une bougie, et depuis ma fenetre je vois les arbres autour du campus, tout rouges.
C'est une enorme frustration, d'etre coincee ici, sur le campus. On a tout sur place, et j'ai parfois le sentiment d'etre isolee dans un monde a part, pas vraiment au Canada. Ce weekend on va essayer d'aller faire une rando pour profiter des forets quebecoises avant que toutes les feuilles ne tombent. Et un de ces quatres on ira se balader dans les Laurentides ou en Gaspesie, histoire de decouvrir un peu la region.

Parfois le soir, je vais jouer du piano une petite heure. C'est un de mes moments preferes. Seule avec la musique, dans un univers familier. Ma bulle d'air, ma fenetre vers d'autres mondes.
Je me rend compte que mes vrais amis en dehors d'Hanna sont Justine et Fanny. Des Francaises, exactement ce que je voulais eviter. Mais merde, rien n'est comme ce que j'avais imagine (on dit qu'il ne faut s'attendre a rien, et j'ai essaye, mais on se fait tous sa petite idee), et puis le passage constant de l'anglais au francais est un tres bon exercice.


Mon dieu, ma prose aujourd'hui est comme le ciel canadien: maussade. Pour vous faire rire, la semaine derniere, ils ont declenche une alerte incendie a 5h du mat. Si, si. J'aurais presque souhaite qu'il y ait vraiment le feu, parce-que nous tirer du lit de cette facon... L'alarme qui nous corne dans les oreilles. Les nanas de la securite sont venues nous ejecter de nos chambres, et on s'est tous retrouve a marcher jusqu'au gymnase, dans le froid et le noir, en pyjamas et pantoufles, completement dans les vappes. Apparemment, ils font ca chaque annee, et parfois il y en a qui paniquent et sortent en courant, en sous-vetements, avec seulement un paquet de clopes...
Tout le monde a pu profite de mon pyjama americain, extremement confortable, et extremement rose avec des fees clochette. Je n'ai plus de secrets pour personne, maintenant.

Chaque semaine apporte une bonne raison de faire la fete. Samedi, c'est la soiree du departement d'anglais, et apparemment, tous les ans les profs sont bourres. Il va falloir aller y faire un tour...
La semaine derniere, c'etait Homecoming: une semaine pleine de « school spirit », ou on celebre le debut de la saison sportive d'automne, avec tous les matchs qui se jouent ici, a Bishop's. Sur les gradins, des mecs se sont effondres et ont roule jusqu'en bas des marches. D'autres comataient sur des bancs. Rien de grave, la routine.
On a ete visite une petite « rave » locale: 12 personnes dans un salon plonge dans l'oscurite, de la techno a fond, des substances illegales (ca circule tres bien dans ce pays) pour le cote « rave », et plein de bracelets fluorescents. On a degerpit aussi sec.
Il y a eu aussi un enoooorme match de foot US (le seul sport ou notre toute petite fac ne se fait pas ecraser) a Montreal, a McGill (LA fac reputee, LE Harvard canadien). Je n'ai pas pu y aller, mais Hanna a profite des bus scolaires qui ont fait le trajet. Trois bus (les fameux bus jaunes americains, affreusement typiques, et tres inconfortables), remplis a ras-bord de foules hurlantes habillees et peintes de la tete aux pieds en violet, la couleur de Bishop's. Biere et Redbull circulaient a flots, la conductrice du bus d'Hanna a ete obligee de preciser qu'il etait interdit de faire pipi par les fenetres. A l'arrivee a McGill, tout le monde s'est precipite tel un seul homme se soulager derriere les buissons, filles et mecs pele-mele, une centaine d'etudiants titubants. Puis ils ont foudus sur les pauvres supporters de McGill, tout coinces et silencieux, pour faire la fete. Bishop's a beau n'avoir que 2000 etudiants, c'est une fac connue a travers toute l'Amerique du Nord pour son ambiance et ses fetes, vous aviez compris (ce qui ne nuit en rien au niveau academique, Dieu merci). En plus, on a gagne.

Le pire apparemment, c'est Halloween. Je demande a voir.


Pour ceux qui ont lu jusqu'au bout (les autres, tant pis pour vous, he he), voici le croustillant: les mecs canadiens. Je repond ici a une question qu'on m'a laissee dans un commentaire.
Pour faire simple, dois-je redire la quantite de bieres hebdomadaires consommee par un Canadien moyen?? Les mecs ici sont comme ils font la fete: ils s'amusent. Ils ne recherchent pour la plupart rien de serieux, et papillonnent a droite et a gauche, ce qui cause des bevues a beaucoup de mes amies francaises. J'ai parfois l'impression d'etre de retour au lycee, entre toutes les rumeurs, les histoires, les heures a discuter potins au resto U. Mais pour etre franche, il y a plus de mecs mignons qu'en France. Voilà, c'est dit, il fallait bien que ca sorte.

Allez, c'est tout pour le moment, mais bon courage a tous ceux qui reprennent les cours!! On m'a parle de toutes les reformes qui ont ete faites cet ete a la fac de Dijon, mon dieu, mon dieu, je vous plains sincerement, et je n'ai jamais ete aussi contente de finir ma licence ici...